Criez donc au titre mensonger ! En vérité, les traileurs et traileuses, en bons êtres humains qui se respectent, traînent, comme un boulet à leurs pieds, leur joug de fierté à la noix. Aussi, les traileurs ne demandent jamais d’aide. Ils préfèrent attendre d’être à l’agonie au bord d’un sentier pour daigner quémander un peu de réconfort. Et encore, quand on leur demande s’ils ont besoin d’aide, ils répondent, “non, merci, ça va”, un vieux réflexe d’Homo sapiens. Heureusement pour eux, les autres traileurs n’hésitent pas à leur tendre la main… Ce qui est quand même un comble quand on sait qu'eux-mêmes n’oseraient pas demander un peu d’eau s’ils en avaient besoin ! Enfin, passons, nous ne sommes pas là pour débattre de la complexité (pour rester poli·es) de l’être humain.
Ainsi, et vous l’aurez probablement deviné, ce ne sont pas les traileurs en difficulté qui sont ici disposés à entamer une amitié… Trop occupés qu’ils sont à ronchonner. Ceux qui vont ici effectuer le premier pas vers eux sont bien évidemment les traileurs proposant leur aide, aka les sauveurs.
Dans le rôle du traileur en détresse, nous avons donc Damien. Et dans le rôle du sauveur, JB.
“Ça va ?
Oui, oui, ça va.
Tu es sûr ? Parce que ça n’a pas l’air d’aller… Tu veux un peu d’eau ? J’ai aussi des barres chocolatées en rab’ si tu veux…
Non, non, t’inquiète...
Sérieux, ça ne me dérange pas, dis-moi ce qu’il te manque. Je ne vais pas te laisser ici tout seul de toute façon.
*Damien paniqué à l’idée de retarder JB dans sa course*
Bon, ok… Je veux bien une barre, s’il te plaît”.
Ça valait quand même la peine de creuser un peu ! Ah, maudite soit cette manie (cachée sous des airs de “politesse”) de ne jamais rien oser demander. Heureusement, nous avons conscience de pratiquer un sport au cœur de la nature, et nous avons beau sentir le bouc, nous n’en demeurons pas moins civilisé·es : en trail, ce n’est pas la loi du plus fort qui dicte notre conduite. Nous savons que la nature est hostile, et si elle ne l’est pas au premier abord, elle peut rapidement le devenir lorsque nous ne sommes plus en état physique ou psychologique de la parcourir. C’est pourquoi, en trail, une règle d’or prévaut : toujours venir en aide à un·e traileur·euse qui nous semble en difficulté. À savoir que s’il ne s’agit pas de nous à cet instant précis, nous pouvons très bien devenir cette personne en détresse à la seconde suivante. Au fond, c’est aussi pour cette raison que JB a accepté l’aide de Damien. Il s’est dit que, lui aussi, il aimerait que l’on prenne sa main tendue lorsqu’il la propose de bon cœur.
Comme quoi, nos bagages sur le dos, en l'occurrence ici un sac de trail, ne sont pas des fardeaux, il y a toujours quelque chose à en tirer, que ce soit une barre de céréales ou un peu de bonne volonté. Un·e inconnu·e vous tend l’un des deux, et voilà qu’il·elle compte pour vous. Parce que le trail, c’est aussi ça : se ramasser à la petite cuillère pour ensuite y aller plein pot, ensemble. Ah, oui, on ne vous a pas dit, Damien et JB ne se sont plus quittés jusqu’à l’arrivée (et après) !