Comment faire pour rester motivé ?

« fixez-vous des objectifs mais assurez-vous qu'ils soient réalistes »

Comment faire pour rester motivé ?

En janvier, nous avons tous pris de bonnes résolutions. Mais comment s'assurer qu'elles ne se retrouvent pas au fond d'un placard un mois plus tard ? Où trouver la motivation et comment ne pas faiblir ? Michaël Verschaeve, psychologue du sport, entre autres, chez Deceuninck - Quick-Step, nous fait part de ses expériences et de ses recommandations pour une année 2021 sportive réussie ! 

Pendant le premier confinement, nombreux sont ceux qui se sont mis à faire du sport. D'où est venue cette motivation soudaine ?
« Plusieurs facteurs sont responsables. Tout d'abord, les gens avaient plus de temps, car il y avait moins de distractions. Les bonnes résolutions n'y étaient pas étrangères non plus. Et la météo, très grande motivatrice ou démotivatrice, s'est révélée être un facteur externe de taille. Lors du premier confinement en mars, c'est comme si les forces de la nature s'étaient impliquées. Il a fait beau, chaque jour ! Enfin, le facteur social joue un rôle également. Les gens avaient envie de se revoir, ils voulaient se sentir connectés. »

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Cela signifie que le sport se situe loin dans les priorités pour beaucoup de gens. Pas véritablement une bonne nouvelle ?
« En effet, mais ceci révèle le mode de vie 'course du rat' dans lequel vivent beaucoup de gens. L'importance d'une alimentation saine et d'un corps sain est encore largement sous-estimée. Ils savent que c'est bon pour eux, mais souvent, ils n'arrivent pas à prendre du temps pour eux. Et c'est bien dommage. »

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Comment s'assurer que ces personnes continuent à faire du sport après la crise du Corona ?
« Bonne question. Il est certain qu'une partie d'entre elles abandonnera. Mais une autre partie y aura pris goût. Se fixer de nouveaux objectifs est très important. Dans le b.a.-ba de la motivation (autonomie, engagement, compétence), l'engagement est l'aspect social qui fera en sorte, pour une bonne partie des gens, qu'ils continuent à faire de l'exercice. Par compétence, nous entendons qu'il faut se fixer un objectif et que cet objectif soit réaliste. Si vous vous entêtez à essayer de réaliser une chose infaisable, vous serez frustré. C'est la seule façon de nourrir votre système de récompense. »

Quelle est l'importance de se fixer un objectif dans la pratique d'un sport ?
« La question est de savoir exactement quel est votre objectif. L'objectif est-il sportif, axé sur les performances ? Ou s'agit-il d'un objectif intrinsèque ? Par exemple, vous sentir bien dans votre peau. J'appelle cela plutôt un motif, et cela suffit pour certains. Certaines personnes n'en ont même pas besoin, elles peuvent simplement courir ou faire du vélo sans jamais participer à une compétition. »

Que se passe-t-il dans la tête quand vous atteignez votre objectif ?
« Quand vous atteignez votre objectif, vous activez une série de neurotransmetteurs et d'hormones dans le cerveau. Cela provoque une poussée d'adrénaline. La sérotonine est souvent appelée hormone du bonheur, le simple fait de sortir, par exemple, stimule, met de bonne humeur et redonne plus de confiance en soi. La dopamine est le neurotransmetteur à l'origine de la récompense. Après une bonne séance d'entraînement, par exemple, vous recevez un 'coup de dopamine'. Il peut être comparé à un 'j'aime' sur les réseaux sociaux, qui provoque le même résultat. Enfin, les endorphines créent une sensation analgésique sur le corps. Vous avez la sensation de pouvoir continuer. Ceux qui ont déjà ressenti le 'runner's high' savent exactement ce que sont les endorphines. » 

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Pourquoi tout le monde ne ressent pas cette euphorie après l'exercice ?
« Il se peut que le sport que vous avez choisi ne soit pas le bon, et certains sportifs sont trop vite satisfaits. Je pense qu'il faut 'sentir' le sport que vous avez choisi J'ai déjà rencontré des gens qui disent que la course à pied n'était pas faite pour eux, et qu'ils préfèrent le vélo. Les préférences personnelles sont importantes. Les gens sont différents, et heureusement d'ailleurs. L'un veut très rapidement voir sa progression, l'autre préfère privilégier l'esprit d'équipe et l'aspect social. D'autres encore sont tout simplement trop impatients. Ils iront courir trois fois et se jetteront sur leur balance, façon de parler. »

Quel conseil donneriez-vous à ceux qui n'ont pas atteint leur objectif ?
« Se fixer de nouveaux objectifs et analyser la raison pour laquelle ils n'ont pas réussi. Ne pas atteindre un objectif ne signifie pas que vous avez échoué. Car ce n’est pas seulement l'objectif qui compte, la façon d'y arriver importe également. La réflexion est très importante, à cet égard. Pourquoi n'ai-je pas atteint mon objectif ? Comment puis-je faire en sorte de réussir la prochaine fois ? Des questions que se posent souvent, et que doivent se poser, les athlètes de haut niveau. « 

Les athlètes de haut niveau sont-ils souvent confrontés à un manque de motivation ?
« S'il n'y a pas de progression évidente après les séances d'entraînement, il se peut que les athlètes de haut niveau soient confrontés à un manque de motivation. Tout le monde connaît des hauts et des bas. Je rencontre parfois des athlètes qui veulent être en forme toute l'année. C'est impossible, et nul ne peut exiger cela de soi. Même pour un athlète, décompresser est sain. Prendre un peu de temps pour sa vie sociale, manger une chose dont vous avez envie depuis longtemps, sortir ... Maintenir un équilibre de vie est primordial. » 

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Comment savoir si la période de décompression n'est pas trop longue ?
« Encore une fois, rechercher de nouveaux objectifs Et ne les gardez pas seulement dans votre tête, mettez-les par écrit dans un cahier. À partir du moment où vous les avez couchés sur papier, ils deviendront plus concrets. Mais, une fois de plus : il est tout à fait normal d'avoir des moments de faiblesse et de devoir chercher la motivation. Nous sommes des êtres humains, pas des robots. Les périodes de repos, tant physiques que mentales, sont essentielles : il faut les considérer de la même manière que l'on considère les succès et les échecs des compétitions, ou des objectifs.

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De tous les athlètes, ce sont probablement ceux qui pratiquent les sports d'équipe (surtout à l'intérieur) qui sont les plus touchés par la crise du Corona. Comment y faire face ?
« Je constate que les clubs demandent, de plus en plus, une ou plusieurs sessions d'accompagnement mental, simplement parce qu'ils ont le temps maintenant, chose généralement impossible en temps normal. Il est également important pour les athlètes d'équipe de ne pas perdre totalement l'aspect social. Continuer à se voir au travers d'appels vidéo, organiser de petites compétitions internes ... Pour rester connectés. Ce n'est pas la solution parfaite, mais cela peut offrir une solution temporaire. » 

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Des applications sportives telles que Strava et Decathlon Coach peuvent-elles jouer un rôle dans la recherche à la motivation ?
« Elles peuvent être un bien en soi pour garder une trace de vos données, mais il y a un revers à la médaille. Nous constatons que certains font du sport pour se comparer aux autres, mais ceci n'est pas la bonne approche. Quand on fait de l'exercice, il faut le faire pour soi. Recevoir une récompense sous forme de kudos sur Strava, par exemple, peut être sympa, mais ce ne peut être la seule motivation qui vous incite à continuer à faire de l’exercice. » 

Quels autres conseils pouvez-vous prodiguer pour se tenir aux bonnes résolutions de janvier ?
« Soyez réaliste. Souvent, les résolutions portent sur des objectifs impossibles. Concrétisez-les. « Je vais faire plus de sport », par exemple, n'est pas une résolution concrète. Avec qui vais-je faire du sport, où, et surtout, quel sport ? Et ne pas vouloir en faire trop, trop vite. N'essayez pas de passer de 0 à 100 immédiatement. Passer de 0 à 10 est déjà un bon début ! Faire quelque chose est mieux que ne rien faire du tout, et sauter les étapes trop rapidement n'engendre que frustration. »

Michaël Verschaeve

Michaël verschaeve

Psychologue du sport

Michaël Verschaeve a obtenu son Master en Psychologie Clinique à l'Université de Gand en 2007. Il s'est ensuite spécialisé en tant que psychologue du Sport à l'UC de Louvain.

En tant que psychologue du Sport, il côtoie, depuis 2016, divers mondes sportifs dont le cyclisme (Deceuninck - Quick-Step), le football (RBFA), la natation (TSS Antwerpen, Gold Swimming Team), mais il a également fréquenté le monde de l'athlétisme, du volley-ball, du skateboard et même du frisbee.

À partir de 2003, Michaël s'est investi professionnellement dans la musique en tant que batteur du groupe de rock belge 'The Van Jets’. Le groupe a annoncé sa retraite en 2019.

Michaël pratique lui-même le vélo et le minifoot depuis plusieurs années.